Dans le tumulte quotidien du monde professionnel, un entretien informel peut surgir sans prévenir, laissant souvent les salariés dans le flou quant à leurs droits et la possibilité d’être accompagnés. Pourtant, dissocier cet échange d’une procédure disciplinaire classique est essentiel pour appréhender sereinement ces entretiens, qui, bien que moins formels, n’en sont pas moins importants. À travers un éclairage précis et concret, il s’agit ici de comprendre comment naviguer ces rencontres, quel rôle peut jouer un accompagnant, et surtout comment faire valoir ses droits dans ce cadre souvent méconnu.
Comprendre les spécificités de l’entretien informel par rapport à l’entretien disciplinaire
Lorsque vous êtes convoqué pour un entretien informel, il ne s’agit pas d’une phase sanction mais plutôt d’un échange visant à faire un point sur votre travail ou à corriger un comportement. Cette distinction est cruciale car contrairement à l’entretien disciplinaire, il n’y a pas de convocation écrite obligatoire ni de sanction directe inscrite dans votre dossier.
Imaginez une discussion un peu comme un checkpoint sur votre parcours professionnel où le manager souhaite ajuster la trajectoire, sans bureaucratie ni lourdeur procédurale. Cela dédramatise mais nécessite tout de même vigilance. Car si lors de cet échange informel une sanction vous est néanmoins évoquée, la loi impose une remise à plat avec une procédure formelle respectant vos droits, notamment à l’assistance.
- L’entretien informel est souvent spontané, sans convocation écrite ni formalités.
- L’objectif principal : recadrer, expliquer, améliorer sans sanction immédiate.
- Pas d’inscription automatique de l’échange dans votre dossier professionnel.
- Si sanction envisagée, le formalisme disciplinaire s’impose.

Vos droits face à une demande d’accompagnement lors d’un entretien informel
Si la tentation est grande de vouloir être épaulé face à une convocation, la réalité juridique dans le secteur privé est claire : le Code du travail n’accorde pas de droit automatique à être accompagné durant un entretien informel. Ce droit est strictement réservé à l’entretien préalable à une sanction disciplinaire. Votre manager peut donc, légalement, refuser cette présence.
Cependant, certaines entreprises choisissent d’ouvrir la porte à cet accompagnement. Pour savoir si vous pouvez en bénéficier, tournez-vous vers votre règlement intérieur ou les accords collectifs – ils peuvent contenir des clauses plus favorables, fruit d’un engagement social fort, comme ceux soutenus par des syndicats tels que la Syndicat CGT ou UNSA.
- Pas de droit légal à l’assistance en entretien informel en entreprise privée.
- Demandez à consulter votre règlement intérieur pour y dénicher vos droits.
- Dans la fonction publique, les règles sont plus strictes mais diffèrent également.
- Il est toujours possible de solliciter un accompagnement, même s’il peut être refusé.
Le secret ? Rester professionnel et utiliser les leviers à votre disposition, comme la demande écrite d’accompagnement, pour poser un cadre respectueux. Pour vous inspirer et rédiger ce type de courriel, ce guide pratique peut s’avérer utile : exemple d’échange écrit à adapter.

Comment bien préparer l’accompagnement et quels assistances solliciter ?
Autant le dire tout de suite : arriver à un entretien informel sans préparation, surtout si vous envisagez d’être accompagné, est une erreur classique. C’est comme arriver à une négociation importante sans connaître vos points forts ou vos objections : un rendez-vous manqué avec votre propre carrière.
Voici quelques pistes pour maximiser vos chances :
- Anticipez les sujets évoqués : performance, retards, comportements… Rassemblez des faits concrets.
- Formulez votre demande d’accompagnement par écrit, de manière posée et précise, en expliquant votre besoin de soutien.
- Choisissez un accompagnant adapté : un collègue de confiance, un représentant du personnel – évitez les démarches trop conflictuelles avec avocat lors d’un entretien non formel.
- Consultez les représentants syndicaux, notamment les membres du Solidaires ou du Syndicat CGT, souvent bien informés sur vos droits et recours.
- Préparez un compte-rendu écrit de l’entretien, cela pourra servir de preuve précieuse.
Pour ne rien laisser au hasard, vous pouvez approfondir avec ce guide adapté aux situations complexes. Et surtout, gardez en tête que l’accompagnement ne doit jamais être un acte de défiance, mais un soutien neutre et professionnel.
Ces vidéos offrent des conseils pragmatiques pour gérer avec sérénité des discussions potentiellement délicates, une compétence précieuse pour toute carrière.
Fonction publique : un cadre particulier à connaître
Ne faisons pas l’impasse sur la fonction publique où le cadre des entretiens informels est singulier. Ici, le dialogue oral peut être imposé sans convocation écrite. Le refus d’y assister peut être considéré comme une faute professionnelle selon l’article L.121-10 du Code Général de la Fonction Publique.
Un agent peut être reçu en présence d’un témoin désigné par la hiérarchie, souvent chargé de noter les échanges. Ces notes, bien que n’ayant pas de valeur disciplinaire officielle, peuvent alimenter un dossier si l’affaire se complique.
- La tenue de l’entretien est souvent spontanée, preuve de l’autorité hiérarchique.
- Possibilité d’avoir un témoin choisi par la hiérarchie, mais pas un accompagnant de son choix.
- Le refus de l’entretien est considéré comme une faute grave.
- En cas de procédure disciplinaire, les étapes formelles doivent être respectées.
Que faire en cas de refus d’assistance et comment contester un entretien informel ?
Il n’est jamais simple d’entendre un refus, surtout quand on souhaiterait un soutien tangible. Pourtant, le refus de présence d’un tiers lors d’un entretien informel est parfaitement légal. Il convient alors de :
- Rester professionnel et accepter la décision sans confrontation inutile.
- Demander un report pour mieux préparer l’entretien.
- Prendre des notes précises pendant la réunion.
- Envoyer ensuite un mail résumé, marquant votre bonne foi et créant une preuve écrite.
Si vous pensez que l’entretien a été instrumentalisé pour vous imposer une sanction sans respecter la procédure, n’hésitez pas à saisir le Conseil des Prud’hommes ou solliciter l’aide d’un syndicat comme la CFTC pour un accompagnement expert. En cas de pression ou harcèlement, les organismes comme France Victimes ou la La Défenseure des Droits peuvent également vous soutenir dans vos démarches.
Pour en savoir plus, consultez ce retour d’expérience et conseils pratiques : comment gérer des situations conflictuelles en entreprise.
